Dans ce monde où tout va trop vite, où je suis à peine descendue en Ardèche pour le week-end que mon alarme me réveille déjà à 7h22, le lundi matin...
Deux minutes, c'est déjà TROP.
Trop long.
Trop de temps perdu.
J'avoue, parfois, j'ai tellement l'impression de courir après le temps que, mentalement, je chronomètre tout. Deux minutes pour avoir une eau à température pour mon thé, je suis encore dans les temps ; quatre minutes d'infusion pour mon Earl Grey, je me fais plaisir mais je prendrai les escaliers parce que l'ascenseur risque de me mener au septième avant de me laisser plonger au -3 pour récupérer mon vélo ; retirer le cadenas, rappeler l’ascendeur, monter au rez-de-chaussée, enfiler mes lunettes de soleil et filer à un rendez-vous... Finalement, ce sera thé vert, deux minutes d'infusion.
Prendre deux minutes de plus, c'est quoi ?
Choisir le thé qui me faisait envie plutôt que celui qui rentrait dans mon emploi du temps ?
C'est pas facile, de prendre deux minutes de plus pour PROFITER de la vie. Pas au quotidien. Pas dans ce monde où tout va trop vite. Où deux minutes, c'est deux fois une rotation de feux tricolores.
Apprécier
UN TRAJET EN VÉLO
Alors j'ai essayé.
J'ai pris mon vélo après avoir bu mon thé vert que j'aurais préféré boire au goûter mais qui me faisait gagner deux superficiellement précieuses minutes, et je suis partie au sport.
Et j'ai réduit le rythme infernal que je m'impose en regardant ma montre toutes les 3/4 de deux minutes. Et je suis arrivée deux minutes plus tard. Et mes cuisses ne me brûlaient pas déjà au trente-sixième degré ; mes yeux s'étaient largement baladés de façades en façades ; j'avais le sourire sur le visage, et mon trajet était passé du statut de passage obligatoire pour me rendre au sport, à une AGRÉABLE promenade matinale que j'avais la chance de m'octroyer avant de commencer ma journée.
En plus de ça, y aller mollo sur la pédale, ça a deux avantages beaucoup plus terre-à-terre : on n'arrive pas à destination en sueur, et on évite de faire travailler ses muscles en puissance (et ça, c'est cool, parce que puissance = muscles qui prennent du volume = grosses cuisses ; et j'avoue, je suis plus intéressée par le combo endurance = cuisses qui s'affinent).
Profiter
D'UN REPAS SUR LE POUCE
En fait, il semblerait que prendre deux minutes de plus, ça aide à savourer ces petits moments ordinaires du quotidien, plutôt que de les vivre par habitude.
Comme le matin, quand on est un peu pressé et que l'on avale son thé en l'espace de dix secondes, et qu'on a à peine eu le temps d'avoir le goût de la tranche de pain en bouche qu'elle n'est déjà plus là.
Ce que j'aime, le matin comme pour tous les autres repas de la journée (goûter y compris), c'est prendre deux minutes pour : choisir la vaisselle qui s'accorde à mon humeur et ranger les quelques casseroles / verres qui traînent pour faire place nette. Pas grand chose, en soi, mais suffisant pour : 1, oublier les factures / le rendez-vous chez le médecin et la to-do-list qui n'en finit plus, le temps du repas, et 2, prendre le temps d'APPRÉCIER l'instant présent.
En plus, ça nous sur la bonne voie pour le reste du repas. Prendre le temps de manger (et surtout de bien mâcher), ça aide à : moins manger, parce que le cerveau a besoin de 15-20 minutes avant de transmettre le message de satiété, mais aussi à moins ressentir l'envie de manger pour l'envie de manger, parce que savourer permet de faire plus attention aux saveurs et aux arômes, ce qui permet d'arriver à une satiété gustative sans frustration !
Se débarrasser
D'UNE CORVÉE QUOTIDIENNE
Le problème, c'est qu'on n'a pas forcément envie de prendre deux minutes de plus pour quelque chose qui nous semble être une corvée ET une perte de temps.
Comme le soir, quand il faut une énième fois passer par la case salle de bain pour se brosser les dents et retirer ce mascara qui est si difficile à enlever. Même s'il est absolument impensable, pour moi, de me coucher maquillée, j'avoue que je ressens toujours une mini-flemme rien qu'à l'idée de sortir mon eau micellaire. Soyons honnête.
Mais j'ai aussi remarqué que si je prenais deux minutes de plus pour faire tout ça, ce moment devenait inconsciemment plus plaisant. Mes gestes sont plus doux et plus lents, et la corvée devient un moment de soin rien qu'à moi.
C'est un peu comme si on comparait nettoyer sa salle de bain ou la décorer. Dans le premier cas, on fait ça vite, pour s'en débarrasser, et c'est une corvée ; dans le second cas, on prend le temps d'imaginer où va aller chaque chose pour que la pièce soit à notre goût.
Ben voilà, c'est pareil, avec le nettoyage de la peau ou le brossage des dents. Soit on fait vite, et ce n'est pas agréable, et donc c'est une corvée ; soit je prends deux minutes de plus pour le faire, et ça devient physiquement agréable.
En plus de ça, deux minutes, c'est de toute façon le temps qu'il faut pour bien retirer la plaque dentaire ; et la peau apprécie d'autant plus les gestes délicats puisqu'ils préservent son élasticité !
Alors, dites-moi : pour quoi allez-vous essayer de prendre deux minutes de plus ?
Alors, dites-moi : pour quoi allez-vous essayer de prendre deux minutes de plus ?